Pendant la pandémie, quelle meilleure manière de sensibiliser les locataires à leurs droits que par un balado ? Le Centre a versé 110 000 $ à une nouvelle initiative numérique — pour et par les locataires— qui servira encore longtemps après la crise de COVID.
Lassés de passer toute la journée devant un écran, de plus en plus de gens syntonisent leurs balados préférés, et les choix sont infinis. Quelles que soient vos préférences, vous pouvez facilement trouver un tas de balados divertissants et instructifs qui sauront vous captiver tout en effectuant vos tâches quotidiennes. Un récent rapport du Podcast Exchange avance que 8 millions d’adultes canadiens écoutent des baladodiffusions au moins une fois par mois.
De plus, les balados sont parfaits non seulement pour divertir, mais aussi pour éduquer et sensibiliser. Par exemple, dans Finding Cleo, les animateurs enquêtent avec succès sur la disparition de Cléopâtre Nicotine, une jeune fille arrachée à sa famille lors de la Râfle des années 60. Cette politique gouvernementale a conduit à l’enlèvement de milliers d’enfants autochtones de la fin des années 1950 aux années 1980. Citons également le documentaire SOLD OUT : Rethinking Housing in America (en anglais seulement), qui « réinvente ce que pourrait être le logement en se basant sur la situation en Californie, épicentre de la crise de l’abordabilité du logement. »
L’utilisation des ondes radio pour favoriser les changements sociaux n’est pas nouvelle. Son prédécesseur, la radio communautaire, a fait entendre les « sans-voix » dans tous les pays, en milieu rural et urbain. Elle s’est avérée être un moyen efficace et inclusif de diffuser de l’information et des connaissances à un large public. L’avantage de la baladodiffusion est encore plus grand : vous n’avez pas besoin de l’écouter en direct et vous pouvez faire une pause en cours d’écoute quand vous le souhaitez.
Accroître le pouvoir des locataires par la technologie
Désireuse de tirer parti des multiples avantages offerts par la baladodiffusion, la Fédération régionale des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie (FROHME) projette de produire une série de huit balados de 45 minutes sur le secteur du logement, en particulier le logement social et communautaire. L’initiative est intitulée Un toit, un droit. Le Centre de transformation du logement communautaire est heureux de verser 110 000 $ par l’entremise du Fonds d’initiative d’aide communautaire aux locataires (FIACL) pour concrétiser ce projet.
« Ce que j’aime dans ce projet, c’est que les locataires sont impliqués tout au long du processus », explique Chrissy Diavatopoulos, chargée de programme pour le FIACL au Centre. « Ils définissent les sujets, participent à la création des balados, rencontrent les décideurs pour exprimer leurs besoins ou leurs envies et pour partager leur vécu. Le projet sensibilisera les locataires aux enjeux qui les touchent et à l’importance du logement communautaire. »
Les médias n’ont porté attention à la crise du logement au Québec que récemment, avec une couverture qui demeure toutefois superficielle et sporadique selon les promoteurs du projet. Par conséquent, les médias sociaux sont devenus pour plusieurs organisations, l’outil par excellence pour échanger et partager leurs connaissances sur une variété de sujets liés aux locataires.
La série de balados devrait rejoindre environ 4 000 locataires.
« C’est certainement un projet unique puisqu’il n’existe actuellement pas, à notre connaissance, de série de balados entièrement dédiée au logement social et communautaire au Québec », affirme Marilou Tanguy, conseillère en gouvernance et soutien communautaire au FROHME.
« Le projet constitue une occasion de choix pour les locataires d’investir l’espace public en traitant d’enjeux qui les concernent en matière d’habitation sur le territoire couvert par notre Fédération [Montérégie et Estrie]. Bref, c’est certainement très stimulant pour la FROHME de pouvoir participer à un projet de balados conçu principalement par et pour les locataires. »
La série sera animée et produite par des locataires de logements à but non lucratif, à faible revenu et coopératifs, avec le soutien d’un coordonnateur. Le savoir, c’est le pouvoir : les balados visent à amplifier la voix des locataires et à renforcer le mouvement locatif dans les régions de la Montérégie et de l’Estrie. Le projet mettra également en relation les locataires et les dirigeants locaux et sensibilisera ces derniers aux défis et aux obstacles que les locataires rencontrent et doivent surmonter pour s’impliquer dans leur communauté.
« Les balados permettront certainement d’influencer les conversations sur le logement social et communautaire en favorisant la rencontre des élus, des locataires et des partenaires », ajoute Mme Tanguy.
Inclusion sociale
Les balados serviront à responsabiliser et à doter les résidents des connaissances nécessaires pour améliorer leur vie et renforcer leurs communautés, et personne ne sera laissé pour compte. Des études indiquent que près de la moitié des auditeurs de balados ont entre 18 et 34 ans ; la FROHME est donc bien consciente du risque de ne pas atteindre sa clientèle moins « technologique » et prévoit publier des documents écrits afin que tous aient accès à l’information. (À l’inverse, n’oublions pas que les balados sont un moyen privilégié pour rejoindre les personnes avec des problèmes d’alphabétisation.)
Les participants acquerront des compétences et des connaissances à travers les différentes étapes de la collecte d’informations et de la production des balados, ainsi que dans leurs interactions avec les dirigeants locaux : une expérience qui donnera confiance aux locataires et résonnera certainement dans d’autres domaines de leur vie.
Nous sommes impatients d’écouter — et de partager — le premier épisode !
Le projet inclut les partenaires suivants : les offices municipaux d’habitation du territoire, des comités logement du territoire (Rive-Sud, Beauharnois, Valleyfield, Sorel, Sherbrooke), des groupes de ressources technique (Rive-Sud, Saint-Hyacinthe, Estrie, Valleyfield), des organismes communautaires, les Sociétés de développement communautaire (SDC), la Table régionale des organismes communautaires et bénévoles de la Montérégie, la Coalition des Tables régionales d’organismes communautaires (CTROC).