Dans le cadre de son plan visant à rendre le logement plus abordable, le gouvernement fédéral a mis en œuvre dès le premier janvier 2023, un nouveau crédit d’impôt remboursable pour la rénovation de maisons multigénérationnelles. Cette contribution positive à la recherche d’une solution à la crise de logement et en particulier aux problèmes de l’habitation pour les aînés semble attirer l’attention des médias et d’une partie de la classe moyenne. Son impact sur la crise du logement demeurera toutefois assez marginal.
Une bonne nouvelle pour la classe moyenne et ses aîné.e.s
La demande pour ce genre de logements semble être toujours en hausse dans certaines provinces. Le coût élevé des valeurs foncières est certainement un facteur qui contribue à cette tendance, mais il s’agit aussi des répercussions de la pandémie et des valeurs culturelles qui donnent plus d’ampleur au phénomène.
« Au niveau des solutions individuelles, il émane de cette nouvelle mesure un avantage financier évident en réduisant le coût de construction, puisque construire sur un terrain qui appartient déjà à une famille aide à enlever trente, voire quarante pour cent de ce coût », constate Stéphan Corriveau, directeur général du Centre dans une entrevue accordée à Radio-Canada Vancouver.
De plus, cette proximité entre générations est utile dans les deux sens pour certaines familles. Les parents bénéficient de la présence des grands-parents pour aider à la garde des enfants, par exemple, alors que les aîné.e.s se retrouvent moins victimes d’isolement.
Une solution aux effets modestes dans la lutte contre la crise du logement
Au niveau plus large de la crise de logement, la solution demeure marginale parce qu’elle propose des solutions individuelles à un problème collectif.
« Afin de penser à des solutions sur une échelle sociale, et pour des questions d’efficacité environnementale, d’économie, d’organisation du terrain, il ne faut pas envisager qu’une maison unifamiliale et une petite suite qui lui est attachée sur un grand terrain est la solution en soi. On reste dans une très faible densité. L’aménagement d’un terrain pour accueillir des immeubles de deux ou trois étages où la densité est bien plus importante et la qualité de vie est tout à fait acceptable serait plus avantageux pour avancer dans la direction de solutions plus pérennes, répondant aux besoins actuels », précise Corriveau.
L’effet pervers des solutions individuelles est d’alimenter la hausse de la valeur des maisons. Une maison est plus souvent considérée comme investissement plutôt qu’un chez-soi. Cette vision des choses désavantage les générations suivantes qui finissent par acheter plus cher. Il faut entreprendre une approche différente de l’ensemble de la question du logement.
À l’échelle du Canada aujourd’hui, deux millions de ménages vivent dans des situations difficiles et doivent payer jusqu’à 80% de leur revenu pour assurer le loyer. La solution pour ces gens passe plutôt par le logement communautaire tant pour répondre aux besoins en logements des Canadiens et des Canadiennes que pour freiner la financiarisation de l’immobilier. La ville de Vienne est souvent citée en exemple pour démontrer la force de cette approche avec 60% de son parc résidentiel faisant partie du domaine communautaire. L’accès au logement y est plus aisé que dans la plupart des grandes villes occidentales comparables et le nombre important d’immeuble d’habitation communautaire freine avec un important les effets néfastes de la spéculation.
Écoutez l’entrevue de Stéphan Corriveau à l’émission Panorama de Radio-Canada Vancouver
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