Revitalisation du secteur des habitations à chambres uniques à Winnipeg
L’initiative LIFT soutient l’objectif d’atteindre 20 % de logements communautaires au Canada en préservant et en revitalisant 150 unités abordables et en créant un modèle reproductible de refuges à faible barrière. Grâce à une gouvernance dirigée par les résidents et à des partenariats avec des établissements d’enseignement, le projet responsabilise les locataires tout en répondant aux besoins des populations marginalisées.
LIFT démontre la viabilité des solutions communautaires, encourageant le plaidoyer et influençant les politiques pour un investissement plus important dans le secteur. Son approche modulable et la collaboration qu’elle implique, donnent un élan à des efforts plus larges en matière de logement, garantissant que davantage d’unités peuvent être développées et soutenues, contribuant ainsi de manière significative à la croissance du logement communautaire à travers le Canada.
Du refuge à la communauté : La transformation de l’hôtel McLaren dirigée par les résident.es
L’initiative LIFT, dirigée par Equal Housing Initiative (EHI), a été conçue pour donner un nouveau souffle au secteur de maisons de chambres de Winnipeg, en commençant par la revitalisation de l’hôtel McLaren. C’est l’une des premières étapes pour atténuer les effets de la crise du logement qui touche certaines des populations les plus vulnérables de la ville. Surtout qu’avec ses 150 logements situés au cœur de Winnipeg, cet immeuble est primordial dans cette lutte.
LIFT vise non seulement à améliorer les conditions de vie, mais aussi à responsabiliser les résident.es par le biais d’une participation active. En impliquant les locataires dans les processus de prise de décision, LIFT va au-delà des projets traditionnels de rénovation de logements, il intègre les avantages sociaux, l’autonomisation des locataires et la collaboration avec les universités pour créer un nouveau modèle de logement et d’engagement communautaire.
Les connaissances acquises dans le cadre de l’initiative LIFT sont mises à profit par EHI, qui se prépare à ouvrir un centre de 12 logements à Winnipeg. Dans ce projet, on s’efforce de reproduire les stratégies fructueuses dans un groupe plus restreint, sur la base du modèle d’enseignement élaboré avec les étudiant.es et les résident.es. Les principales leçons tirées de cette expérience sont l’importance d’un soutien aigu et à long terme pour les personnes vivant avec une dépendance, et la reconnaissance du fait que les solutions à court terme sont souvent inefficaces.
L’une des principales innovations de cette initiative est la mise en place d’une structure de gouvernance dirigée par les locataires. En s’appuyant sur leurs expériences vécues, ils sont habilités à diriger et à guider la transformation de leur propre cadre de vie. Le groupe initial de locataires de l’initiative LIFT a été sélectionné à partir d’une auto-évaluation qui a garanti la représentation de la diversité de la communauté au sein de l’immeuble, y compris les résident.es autochtones, les hommes et les femmes, et les personnes ayant une expérience vécue de la violence ou fuyant la violence.
Le groupe a déterminé les voix et les perspectives nécessaires pour s’assurer que les 150 résident.es étaient correctement représenté.es dans le processus de prise de décision. Comme le souligne Rick Lees, directeur général de EHI, l’objectif principal était de créer un groupe de locataires autonomes capables de défendre leurs intérêts et de faire évoluer leur communauté. Il ne s’agit pas seulement d’améliorer l’espace physique, mais aussi de favoriser la capacité des locataires à prendre des décisions pour améliorer leur environnement.
Les locataires ont contribué à l’évaluation initiale des besoins. Cependant, l’introduction de pratiques de gouvernance formelles, telles que l’établissement de « termes de référence », s’est d’abord heurtée à une certaine résistance. Des locataires qui ont passé des années dans des conditions de vie instables, étaient plus préoccupé.es par des questions immédiates telles que le chauffage et la sécurité que par des structures de gouvernance abstraites.
Les stages et les travaux pratiques dans des domaines tels que le travail social ne sont souvent pas centrés sur le travail de première ligne. LIFT a cherché à rompre avec ce modèle traditionnel en intégrant des étudiant.es directement dans le travail de première ligne avec les locataires, leur donnant ainsi l’occasion d’acquérir une expérience concrète d’une manière significative.
En collaboration avec la faculté de travail social et d’autres partenaires universitaires, LIFT a fait appel à des étudiant.es en troisième année de travail social pour travailler en étroite collaboration avec les résident.es de l’hôtel McLaren. Ce modèle a permis aux étudiant.es de s’engager directement auprès de personnes confrontées à l’itinérance, à des problèmes de santé mentale et à d’autres problèmes sociaux. Les étudiant.es sont devenu.es des membres du groupe, apprenant des locataires et travaillant ensemble pour répondre à leurs besoins.
Les résultats ont été transformateurs tant pour les étudiant.es que pour les résident.es, qui continuent aujourd’hui à se rencontrer chaque semaine. Selon M. Lees, les étudiant.es ont constaté que les résident.es, grâce à leurs expériences vécues, leur en apprenaient plus sur le sans-abrisme, la santé mentale et la construction de la confiance qu’ils ne l’auraient jamais fait dans un cadre académique traditionnel.
Le modèle pratique, dirigé par le groupe, a non seulement enrichi l’éducation des étudiants, mais leur a également permis de développer un sens plus profond de l’empathie. Leur implication directe a renforcé la relation entre le monde universitaire, le travail social et la pratique communautaire.
EHI se concentre sur la conversion d’hôtels en maison de chambres supervisés à faible barrière pour les populations marginalisées, y compris celles qui luttent contre la toxicomanie et les problèmes de santé mentale. L’approche d’EHI privilégie la stabilité, contrairement aux modèles traditionnels où les personnes risquent de perdre leur logement après une rechute. Au contraire, le modèle d’EHI offre un soutien par le biais d’une gamme de services, en veillant à ce que les locataires bénéficient d’une assistance à différents niveaux.