À l’instar de nombreuses villes canadiennes, Hamilton fait face à une crise grandissante en matière d’accessibilité au logement. La hausse des coûts immobiliers, la stagnation des salaires et l’augmentation de la demande rendent l’accès à un logement abordable de plus en plus difficile pour de nombreux habitants. Face à cette situation, il devient essentiel de protéger les logements abordables en les soustrayant au marché spéculatif.
C’est dans ce contexte qu’est né le projet de la Caroline Coop à Hamilton. Tout a commencé lorsqu’un immeuble de six logements, occupé par des locataires de longue date, a été mis en vente, mettant en péril leur sécurité résidentielle.
En 2023, les locataires se sont mobilisés et ont sollicité l’aide du Centre pour acquérir l’immeuble et le transformer en logements communautaires. Grâce à une contribution de 50 000 dollars, ils ont pu créer une coopérative et mettre en place une solution collective face à la financiarisation du logement.
La création de la coopérative Caroline en 2024 a permis d’éviter que les locataires ne soient expulsés à la suite d’une rénoviction ou d’une augmentation de loyer prohibitive, grâce à un effort de collaboration entre le gouvernement, les organisations à but non lucratif et les institutions financières.
La ville de Hamilton a apporté à ce projet un soutien financier essentiel, notamment sous forme d’aide à la mise de fonds, de subventions d’exploitation et de financement pour les inspections des bâtiments. La FHCC et la Golden Horseshoe Co-operative Housing Federation ont offert une formation en gouvernance, en défense des droits et en éducation. De leur côté, des institutions financières comme FirstOntario Credit Union et New Market Funds ont fourni des prêts hypothécaires et des fonds d’investissement, tandis que la Hamilton Community Foundation a pris en charge les coûts d’acquisition.
Cet effort collectif illustre l’importance des partenariats dans le développement de solutions de logement durables et ancrées dans la communauté.
Freiner la gentrification : la Caroline Coop, un modèle de changement
La coopérative Caroline est un excellent exemple de la façon dont les initiatives menées par les locataires peuvent préserver le logement et garantir son accessibilité pour tous et toutes. En adoptant une approche communautaire, ce projet s’assure de répondre aux besoins réels des résidents.
Face à la disparition progressive des logements abordables, cette initiative a permis aux locataires de se mobiliser et de prendre en main la lutte contre la financiarisation du logement.
Hamilton a connu une diminution marquée du nombre de logements abordables dans les années récentes. Entre 2010 et 2021, le loyer médian d’un appartement de deux chambres a grimpé de 43 %, dépassant à la fois le taux d’inflation (23 %) et la moyenne provinciale (40 %). Les unités locatives construites après 2015 sont encore plus coûteuses, avec des loyers en moyenne 44 % plus élevés.
Bien que la construction de nouveaux logements locatifs ait été lancée en 2022, les nouvelles unités, plutôt que de ralentir l’écart, aura pour effet de l’accentuer, car leur prix sera plus élevé que celui du parc locatif existant.
Les ménages à faibles revenus sont les plus durement touchés : entre 2016 et 2021, la ville a perdu 4 950 logements loués à moins de 750 $ par mois, entraînant une pénurie estimée à près de 8 000 logements abordables pour les personnes gagnant 30 000 $ ou moins par an.
Plus de 25 000 logements locatifs abordables (dont les loyers sont inférieurs à 1 000 $ par mois) ont été perdus dans le parc locatif du marché privé de Hamilton entre 2011 et 2021. Au cours de cette même période, City Housing Hamilton et les promoteurs de logements abordables n’ont réussi à construire que 862 logements, soit 3,4 % de ce qui a été perdu.
La coopérative Caroline a non seulement conservé des logements pour un groupe de locataires, mais a également établi un modèle reproductible pour d’autres communautés confrontées à des défis semblables. Elle met en évidence la manière dont les initiatives menées par les locataires peuvent permettre de sauvegarder de façon efficace et durable les logements abordables. Elle montre aussi comment une approche bien exécutée peut évoluer vers une solution pérenne et pouvant être reprise à plus grande échelle, grâce à un investissement financier stratégique.
« Nous avons pu aider un groupe de locataires à préserver leur logement, à en assurer l’abordabilité et à offrir un modèle inspirant pour d’autres personnes vivant une situation similaire », a souligné Scott Stager Piatkowski, chargé de programme au Centre pour l’Ontario. « Dans le contexte actuel de crise du logement, une victoire comme celle-ci est particulièrement précieuse. »
Grâce au modèle coopératif, les locataires sont passés de résidents passifs à acteurs engagés, contribuant ainsi à un secteur du logement communautaire plus dynamique et résilient.
De la vision à l’action : des solutions de logement pilotées par la communauté
Alors que l’accès au logement continue de se détériorer dans des villes similaires à Hamilton à travers le pays, nous devons agir de concert. Les organismes de logement communautaire, les gouvernements et les institutions financières doivent s’unir pour soutenir les efforts de la collectivité et mettre en place des solutions qui donnent la priorité aux gens plutôt qu’aux profits.
Inspirons-nous de la coopérative Caroline pour mettre en place des initiatives audacieuses pour non seulement protéger les logements existants, mais aussi accroître la part de marché des logements communautaires pour qu’elle atteigne 20 % !