Les défis du logement sont grands et ce sont les groupes les plus défavorisés qui en souffrent le plus, partout au Canada. La Guyana Community House est un exemple de ces petites organisations qui cherchent à se tailler une place dans le paysage du logement de la région du Grand Toronto, mais qui luttent à forces inégales avec les promoteurs à but lucratifs.
Sa mission est de remédier au manque de logements de qualité et de créer des solutions de logement inclusives, telles que des projets de logements coopératifs ou des fiducies foncières communautaires.
À l’instar de nombreuses organisations locales dans tout le pays, qui s’efforcent de servir les communautés historiquement mal desservies, l’organisation est confrontée à de nombreux défis lorsqu’elle tente d’aller de l’avant avec des initiatives en matière de logement. Des questions telles que la recherche de financements, l’établissement de partenariats et l’acquisition de terrains entravent ses progrès. Mais quels sont les éléments qui pourraient jouer en faveur de telles quêtes?
Des besoins pressants et peu de solutions de logement
La communauté caribéenne, en particulier la population guyanaise, est importante dans la région du Grand Toronto. 69 % de la population canadienne d’origine caribéenne vit en Ontario et environ 200 000 Guyanais s’y sont installés.
La Guyana Community House a été créée en janvier 2021 par un groupe de personnes désireuses de trouver des solutions efficaces à la pauvreté qui frappe les communautés caribéennes. Les solutions de logement se sont rapidement imposées comme centrales pour combattre la pauvreté. C’est pourquoi l’organisme s’est donné pour mission de créer des logements abordables de qualité.
Il plaide en faveur d’un logement axé sur la communauté, afin de favoriser les liens et d’améliorer le bien-être général. « Le logement est la pierre angulaire ; répondre à ce besoin fondamental permet de jeter les bases de tous les autres aspects de la vie », affirme Bhonita Singh, membre du conseil d’administration de la Guyana Community House.
Les défis auxquels sont confrontés les personnes âgées et les nouveaux arrivants sont particulièrement évidents. Autrefois, il était assez simple pour les nouveaux arrivants de trouver un logement à l’intérieur ou à l’extérieur de la région du Grand Toronto, ce qui leur permettait de gérer leur situation de logement de manière autonome, même sans liens étroits avec leur communauté. Cependant, aujourd’hui, trouver un logement de qualité est devenu plus difficile, surtout dans les zones où se trouvent des épiceries caribéennes.
En plus, nombre de ces personnes, parce qu’elles sont moins en contact avec leur communauté d’origine, bénéficient peu des programmes et des services disponibles par manque d’information. Ce qui ne fait qu’aggraver leur situation.
La voie à suivre pour les petites organisations : des logements axés sur la communauté
Pour répondre à ces questions, et grâce à une subvention du Centre, la Guyana Community House a mené des consultations communautaires au cours du second semestre de l’année dernière afin de comprendre les besoins et les préférences de la communauté. Les participants ont souligné l’importance de solutions culturellement pertinentes dans leurs quartiers.
L’abordabilité et l’emplacement du logement ont été identifiés comme des facteurs clés dans la définition d’un logement de qualité.
Grâce à ces consultations ciblées dans des régions où la population caribéenne est importante, l’organisation a recueilli des informations qui lui permettront de créer des solutions de logement adéquates. Actuellement, elle se concentre sur le développement de projets de logements coopératifs. Elle s’apprête aussi à lancer une initiative d’obligations communautaires visant à collecter des fonds pour l’achat de biens immobiliers afin de lancer ses projets de logement.
L’obtention de subventions et surmonter les formalités administratives constituent des éléments importants de sa démarche, souligne Singh. Malheureusement, les projets rejetés sont plus nombreux que ceux financés en raison de la forte demande pour des ressources limitées.
Par ailleurs, faire adhérer les gens au modèle coopératif représente un défi de taille, car peu en connaissent les principes. L’organisation doit donc éduquer la communauté dans l’objectif de mobiliser son soutien dans le processus.
À ces obstacles s’ajoute celui de la concurrence pour acquérir des terrains. Les moyens financiers de l’organisation font difficilement le poids face au pouvoir d’achat de promoteurs à but lucratif, explique Singh.
Programmes de soutien alternatifs et pistes de solutions : le droit de préemption et les fonds d’acquisition
D’après l’expérience de la Guyana Community House, l’engagement avec les gouvernements locaux, y compris les organismes régionaux et les conseillers municipaux, a été favorable à l’initiative. Selon eux, les dirigeants municipaux sont parfaitement conscients des problèmes de logement auxquels sont confrontées les communautés, non seulement au sein de la diaspora caribéenne, mais aussi dans l’ensemble de l’Ontario et du Canada.
Le déclin du stock de logements abordables est manifestement dû à la domination croissante des grands propriétaires immobiliers sur le marché de la location qui achètent des immeubles locatifs anciens, les rénovent et augmentent ensuite les loyers. Les organisations de logement communautaire ne jouissant pas de la même agilité financière peinent à concurrencer cette tendance.
Il existe toutefois des initiatives ayant le pouvoir de mitiger cet obstacle. Parmi celles-ci, soulignons le Rental Protection Fund, fonds d’acquisition de la Colombie-Britannique et le droit de préemption au Québec.
Le fonds d’acquisition de logements locatifs abordables de Colombie-Britannique permet aux fournisseurs de logements à but non lucratif et coopératif d’acheter des immeubles locatifs privés existants. En transférant la propriété à ces entités, l’objectif est de sauvegarder le stock de loyers abordable et de stabiliser les loyers en les sortant du marché spéculatif. Cette initiative attire beaucoup d’attention dans le secteur et plusieurs organisations comme l’ACHRU, BCNPHA, CHF Canada et le Centre aimeraient voir naître l’équivalent au fédéral.
Le droit de préemption est un type de droit préférentiel qui a été ajouté au Code municipal du Québec en 2022. Les municipalités peuvent l’utiliser à leur avantage pour sécuriser l’acquisition de propriétés. Lorsqu’une offre d’achat est faite au propriétaire d’un immeuble, la municipalité peut exercer son droit afin d’égaler cette offre et acquérir l’immeuble. Grâce à ce droit, l’offre de la municipalité prévaut sur celle de l’acheteur initial. Dans certains cas, cela peut aider des OSBL et coopératives d’habitation à obtenir des terrains.