La COVID-19 est venue, cette année, chambouler plusieurs vies. Mais la pandémie est aussi venue souligner les besoins criants dans le secteur du logement. La Journée nationale de l’habitation 2020, le dimanche 22 novembre, est l’occasion d’une prise de conscience encore plus aiguë des besoins et du travail qui reste à faire.
« La COVID-19 a été décrite comme un missile qui cible les personnes vulnérables, en situation de pauvreté et sous-logées », signale Tim Richter, le président-directeur général de l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance.
« Et cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les personnes qui vivent de l’itinérance ».
« La première mesure de santé publique qui a été annoncée contre la COVID, c’est : “restez chez vous”, rappelle Stéphan Corriveau, directeur général du Centre de transformation du logement communautaire. Mais, il ne faut pas oublier qu’au Canada, il y a 250 000 personnes, ou à peu près, par année, qui passent au moins une nuit dans la rue ».
Ce que la pandémie fait, illustre M. Richter, c’est de mettre en lumière l’urgence du travail à faire pour mettre fin à l’itinérance.
« Ce que j’entends de nos partenaires et membres à travers le pays, affirme Michèle Biss du Réseau national du droit au logement, c’est que beaucoup des problèmes vécus [pendant la pandémie] ont été aggravés du fait que nous n’avions pas abordé les problèmes systémiques de la crise du logement au Canada ».
Parmi ces problèmes, elle nomme notamment l’absence de protections pour les locataires et le manque d’investissements dans le secteur du logement communautaire. D’autre part, la question du logement est devenue récemment de plus en plus préoccupante pour un plus grand nombre de personnes, dont les gens qui ont des emplois modestes, avance Stéphane Corriveau.
Des mesures à prendre
Il y a près d’un an et demi, le gouvernement fédéral adoptait la Loi sur la stratégie nationale sur le logement. Cette loi est saluée par Mme Biss, M. Corriveau et M. Richter, mais les trois attendent que des ressources soient allouées pour qu’elle soit mise en œuvre. Le poste de défenseur fédéral du logement, par exemple, n’a toujours pas été comblé, et Mme Biss espère ardemment que cette personne aura l’expérience nécessaire dans les domaines de l’itinérance, des droits de la personne et du droit du logement. (NDLR : Le jour même de la Journée nationale de l’habitation, le gouvernement canadien a affiché un avis pour pourvoir le poste de défenseur fédéral du logement.)
D’autres mesures législatives pourraient être prises pour améliorer la situation, notamment pour freiner la spéculation immobilière et l’augmentation explosive des loyers. Des solutions de ce type n’impliquent pas de dépenses, mais plutôt « une manière différente de penser et de faire les choses » croit M. Corriveau.
C’est d’ailleurs le rôle du Centre de soutenir la réflexion et la mise en œuvre de nouvelles approches pour le logement communautaire. Selon Stéphan Corriveau, il est quand même permis d’espérer.
« Il y a une volonté et une reconnaissance » du problème par les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux de la problématique du logement, dit-il.
« Maintenant, il faut réussir à passer de la prise de conscience aux gestes concrets et c’est commencé, mais ce n’est pas fini. »