Par et pour les peuples autochtones : La transformation du logement à Calgary – Community Housing Transformation Centre – Centre de transformation du logement communautaire
6 Mai, 2025

Par et pour les peuples autochtones : La transformation du logement à Calgary

The Metis Calgary Family Services Society (MCFS), a community-based nonprofit, is addressing this gap through the Ke Mama Nnanik project.
Par Centre

À Calgary, plus de 50 000 membres de la communauté autochtone urbaine vivent une crise du logement profonde, issue d’inégalités systémiques persistantes. Le manque de logements conçus selon des principes culturels autochtones, notamment pour les familles nombreuses et intergénérationnelles, engendre une insécurité résidentielle chronique. Trop souvent, les projets de logement sont élaborés sans leadership ni participation autochtone, ce qui aboutit à des services déconnectés des réalités culturelles et des vécus des personnes concernées.

L’organisme Metis Calgary Family Services Society (MCFS), une association communautaire sans but lucratif fondée en 1994, répond à ce besoin avec le projet Ke Mama Nnanik. Grâce au soutien du Fonds de transformation du secteur, il développe 24 logements avec services dans le sud-est de Calgary, en réhabilitant un terrain peu exploité qui lui appartient. Le projet est conçu pour refléter les valeurs autochtones et répondre aux besoins de la communauté. Composées de trois chambres, ces unités visent directement à combler le manque de logements pour les grandes familles autochtones. Mais il ne s’agit pas simplement de bâtir des maisons : le projet veut créer de vrais foyers, enracinés dans la culture, l’identité et la vie communautaire.

Inspiré de l’approche « Pour les Autochtones, par les Autochtones » (FIBI), le plan d’action Ke Mama Nnanik propose une nouvelle façon de penser le logement autochtone. Il mise sur une vision enracinée dans les savoirs culturels, en intégrant les cérémonies, les services de soutien et la mobilisation communautaire à chaque étape du projet, de sa conception à sa réalisation. Des aînés, des gardiens du savoir et des personnes aidantes accompagnent le processus, pour s’assurer que les traditions, les enseignements et les protocoles autochtones soient au cœur de chaque décision.

Créer un logement adapté à la culture

Le projet Ke Mama Nnanik met de l’avant une vision holistique du logement. En plus des unités physiques, il intègre des soutiens culturels, éducatifs et émotionnels dans l’environnement résidentiel, notamment :

  • Centres de ressources familiales
  • Services de garde d’enfants
  • Programmes pour les parents (p. ex. Triple P, Cercle de sécurité)
  • Counseling individuel et accompagnement culturel
  • Espaces cérémoniels (p. ex. herbe douce, calumet, hutte de sudation, danse du soleil, cérémonies de dénomination et de bénédiction du foyer)
  • Programmes jeunesse et formations professionnelles
  • Occasions d’engagement culturel et de guérison

Ces services répondent non seulement à l’instabilité résidentielle, mais aussi aux déterminants sociaux de la santé dans leur ensemble : le lien communautaire, le bien-être mental, l’identité culturelle et les perspectives économiques. La conception du projet repose sur une démarche participative. MCFS mène des ateliers continus avec les aîné·es, les familles et les parties prenantes afin de recueillir leurs points de vue sur l’aménagement, les services à offrir et les dimensions culturelles à intégrer. Ce dialogue constant permet au projet de rester ancré dans les besoins exprimés par la communauté et de bâtir des relations durables fondées sur la confiance et le respect mutuel.

Un plan stratégique pour le secteur

Bien qu’il soit mis en œuvre localement, Ke Mama Nnanik a le potentiel de servir de modèle reproductible à l’échelle du pays. Il démontre comment les initiatives autochtones peuvent transformer les systèmes en intégrant des principes culturels à toutes les étapes de la planification, de la construction et de l’élaboration des politiques.

Le plan d’action comprend :

  • Un cadre pour mobiliser des technicien·nes et des animateur·rices communautaires autochtones
  • Un protocole de partenariats intersectoriels respectueux
  • Un processus d’évaluation fondé sur des indicateurs définis par les Autochtones
  • Une stratégie de transfert des connaissances et des outils à d’autres fournisseurs de logements

MCFS élabore également des protocoles culturels et des protocoles d’entente formels avec des partenaires du secteur. Ces ententes officialisent des pratiques respectueuses, créant un « espace éthique » de collaboration entre parties autochtones et non autochtones.

Linda Lieu, chargée de programme, Saskatchewan, Manitoba, Alberta :

« De nombreux plans de développement du logement destinés aux populations autochtones négligent encore trop souvent les perspectives autochtones. Le projet Ke Mama Mnanik met clairement en évidence l’importance du développement du FIBI et la nécessité d’une approche ancrée dans une vision autochtone. »

Linda Lieu
Linda Lieu, chargée de programme, Saskatchewan, Manitoba, Alberta

Une réponse aux inégalités structurelles

Le besoin de logements conçus et gérés par des Autochtones est bien documenté dans plusieurs rapports et stratégies nationaux, notamment dans les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. À Calgary, les fournisseurs de logements autochtones sont peu nombreux et peinent à répondre à la demande. En conséquence, bon nombre de personnes autochtones doivent se tourner vers des organismes non autochtones. Certains de ces organismes ont adapté leur approche en recrutant du personnel autochtone et en intégrant des activités de reconnexion culturelle. Le projet Ke Mama Nnanik va plus loin : il place le leadership, la vision et l’expertise directement au cœur de la communauté. Fournisseur de logements autochtones depuis 2004, MCFS apporte une connaissance fine des besoins culturels, des compétences solides en développement immobilier et une relation de confiance durable avec les résident·es.

Le projet vise aussi à rééquilibrer un secteur souvent dominé par les grands promoteurs dotés de ressources importantes et de solutions standardisées. Les fournisseurs autochtones, souvent de plus petite taille, rencontrent des obstacles pour accéder au financement, aux terrains et à l’accompagnement technique. Ke Mama Nnanik démontre tout le potentiel qui peut se réaliser lorsque ces freins sont levés, grâce à un soutien adapté, une collaboration respectueuse et des ressources mises entre les mains des acteurs et actrices autochtones.

Une vision à long terme guidée par la bienveillance

Ke Mama Nnanik est bien plus qu’un projet de logement. C’est une démarche de réappropriation de l’espace, de la parole et de la dignité. En s’inspirant des principes FIBI, le projet établit un cadre pour des solutions résidentielles durables, culturellement ancrées et portées par la communauté.
Le plan d’action vise à répondre à des besoins urgents, en offrant un toit aux familles qui en ont besoin, tout en amorçant une transformation en profondeur du secteur. Il permettra de transmettre des ressources concrètes à d’autres organisations, d’influencer les politiques publiques et d’inscrire les savoirs autochtones dans le paysage du logement à Calgary.

À mesure qu’il prend forme, le projet offrira un exemple vivant de la manière dont l’ensemble résidentiel peut refléter les visions autochtones du monde, favoriser l’inclusion sociale et bâtir des systèmes de soins durables. Il lance un appel clair aux gouvernements, aux bailleurs de fonds et aux promoteurs : soutenir le leadership autochtone, non pas à titre symbolique, mais comme pierre angulaire de solutions durables et porteuses de sens.

Ke Mama Nnanik contribue à redéfinir l’avenir du logement autochtone, non pas en reproduisant les modèles existants, mais en traçant sa propre voie.

Actualités sur le même sujet