La Hiy̓ám̓ ta Sḵwx̱wú7mesh Housing Society, fondée par le Conseil de la Nation Squamish, a comme objectif ambitieux de fournir à chaque membre de sa communauté un logement abordable et culturellement approprié, alors qu’une crise du logement sévit dans ses réserves de la côte Ouest. Un premier projet verra le jour sous peu, et d’autres sont déjà en préparation.
La Nation Squamish a approuvé un plan visant à construire une série de projets de construction de logements abordables sur des terres de réserve à North Vancouver. Alors que les travaux doivent commencer cet automne dans le cadre du premier projet — un complexe de 94 logements comprenant un jardin communautaire et une épicerie coopérative —, l’excitation est palpable.
« Nous pouvons être proches de nos familles, nous pouvons être proches du soutien culturel », a déclaré Sarah Silva, p.-d.g. de la Hiyám ta Sảwxwú7mesh Housing Society, à la CBC en août. « Nous voulons avoir un bâtiment qui reflète notre mode de vie traditionnel, en communauté, où les jeunes et les aînés s’entraident, comme nous faisions dans les maisons longues. »
Une maison longue est un type de logement traditionnel dans certaines communautés autochtones, qui peut abriter plusieurs familles. Elle est souvent utilisés pour organiser des cérémonies et des rassemblements communautaires.
Fondée en 2019 par le Conseil de la Nation Squamish, la société de logement a été chargée de superviser le développement du projet.
La raison d’être de cet organisme sans but lucratif est de fournir, au cours de la prochaine génération, des logements abordables et culturellement adaptés à chaque membre de la Nation Squamish, après des centaines d’années de colonisation et de génocide qui les ont éloignés de leur communauté.
Le nom de la société est emblématique de cette mission. « [Cela] signifie que les Squamish rentrent chez eux », avait déclaré au North Shore News Khelsilem, alors porte-parole du conseil de la Nation Squamish (et maintenant son président depuis septembre 2021) au moment de l’annonce de la fondation de la société. « Nous croyons vraiment au droit au logement. »
Il est particulièrement important pour la société de logement que les Squamish puissent rentrer chez eux et pouvoir vivre, guérir et s’épanouir sur leurs terres ancestrales.
Logement abordable dans la réserve
La Nation Squamish est un groupe Salish de la côte qui s’est établi dans des villages du Grand Vancouver, de la baie Howe et du bassin hydrographique de la rivière Squamish, dans le sud de la Colombie-Britannique. Elle compte 23 réserves à North Vancouver, Burrard Inlet et Squamish Valley, qui s’étendent sur un territoire traditionnel de 6732 kilomètres carrés.
Comme de nombreuses communautés au pays, les Squamish sont aux prises avec une crise du logement. Des familles vivent dans des logements surpeuplés tandis que d’autres sont forcées de vivre loin de la collectivité. Cent cinquante ménages sont sur une liste d’attente pour obtenir un logement sur réserve. On estime qu’au moins 650 logements supplémentaires seront nécessaires au cours des 20 prochaines années.
« Il y a très peu de possibilités, surtout pour les jeunes […] qui sont dans la vingtaine et qui commencent à avoir leur propre famille », disait Khelsilem.
En raison du manque d’investissements fédéraux dans le logement des Autochtones par le passé et des défis permanents liés au régime foncier qui touchent le logement dans les réserves, le choix et la disponibilité sont limités pour les membres de la Nation Squamish qui souhaitent vivre dans leur communauté.
Une lueur d’espoir
Compte tenu de ces objectifs ambitieux et des besoins urgents en renforcement des capacités, en amélioration de l’esprit d’équipe et en engagement communautaire, le Centre de transformation du logement communautaire a octroyé, en 2020, 49 500 $ à la société par l’entremise du Fonds de transformation du secteur.
« Grâce à cette subvention [du Centre pour l’amélioration de notre] capacité organisationnelle, Hiyám ta Housing [a] pu commencer à remplir son mandat de construire des logements sûrs, équitables et abordables qui reflètent les valeurs, la culture et l’identité des Squamish », a déclaré Silva.
« La subvention a donné à Hiyám ta Housing les outils et la structure nécessaires pour faire décoller notre organisme sans but lucratif. Nous avons été en mesure de réaliser un plan stratégique quinquennal, de créer un manuel d’administration et de gouvernance, et d’accéder à de la formation. Tout ce travail était nécessaire pour jeter les bases de notre nouvelle organisation. »
Le projet mobilise également les membres de la communauté et les comités de la Nation Squamish pour comprendre et orienter son travail afin de s’assurer que l’organisation répond aux besoins des membres de la Nation Squamish et la communauté de façon plus large.
« Le mandat de Hiyám ta répond aussi à cette crise [du logement] en adoptant un modèle d’administration du logement des Premières Nations, en veillant à ce que nos opérations reflètent une saine gestion financière, une bonne gouvernance et la culture et l’identité des Squamish », ajoute Sarah Silva.
Plus important encore, une Hiyám ta SŠwxwú7mesh Housing Society forte servira de modèle aux autres nations autochtones pour la création de logements abordables pour les membres de leurs communautés.
Projet d’envergure prévu
Le conseil de la Nation Squamish a récemment approuvé un autre projet qui créera 6000 logements locatifs à Vancouver, non seulement pour les membres de la Nation Squamish, mais pour tou.te.s les Vancouvérois.es. Présenté comme « l’exemple le plus important et le plus marquant de l’édification de villes autochtones en Amérique du Nord jusqu’à maintenant », le district de Senakw est composé d’une douzaine de tours de 17 à 59 étages accueillant plus de 9000 résident.e.s.
Le projet, réalisé en partenariat avec Westbank Corp., rompt avec les conventions de conception urbaine. Les bâtiments de Senakw seront « compacts, verts et denses, apportant une vie publique sur le site et sous terre », selon le Globe and Mail.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un projet de logement communautaire, il y aurait des dispositions pour des logements abordables pour les Squamish.
Khelsilem avait déclaré au journaliste que Senakw « vise à ouvrir et non à aliéner les gens. C’est un sentiment de village, qui rappelle notre communauté historique [qui vivait] ici. »