Le rapport Who’s Hungry de 2020 établit un lien clair entre l’insécurité alimentaire et les coûts exorbitants du logement, en plus d’analyser les conséquences de la COVID-19 sur la fréquentation des banques alimentaires.
Selon une étude, plus de la moitié des Canadiens vit d’une paye à l’autre, alors que la gestion des dettes constitue déjà une préoccupation pour de nombreux ménages. De plus, la pandémie de COVID-19 a mené beaucoup de ménages à la limite de leurs capacités financières. L’ensemble des secteurs de l’économie ont été bouleversés, comme le tourisme et la restauration, entraînant une perte massive d’emplois. Bien que des programmes d’aide financière aient été rapidement et efficacement mis en place, 2000 $ par mois ne suffisent pas à subvenir à tous les besoins de base dans certaines villes comme Toronto, où les coûts de la vie et de l’hébergement sont élevés. En fait, la pandémie a exacerbé la précarité des utilisateurs de banques alimentaires, dont la grande majorité vivait déjà dans une extrême pauvreté.
Depuis deux décennies, le Daily Bread Food Bank et le North York Harvest publient le rapport Who’s hungry qui trace un portrait de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire des clients des banques alimentaires.
L’année 2020 est hors comparaison : les répercussions de la COVID-19 ont été immédiatement ressenties avec une augmentation de 58 % de la fréquentation des banques alimentaires en juillet et août. 76 % des nouveaux clients ont déclaré avoir commencé à utiliser les banques alimentaires depuis le début de la pandémie ou après la perte de leur emploi ; 38 % d’entre eux appréhendaient en plus une éviction dans les mois à venir.
Se nourrir ou se loger
Le rapport établit un lien clair entre l’insécurité alimentaire et les coûts du logement : le loyer représente une des trois principales dépenses pour lesquelles les gens démunis manquent des repas. 56 % de la clientèle n’a pas les moyens de manger et de se loger à la fois.
Neil Hetherington, président-directeur général de Daily Bread Food Bank et Ryan Noble, directeur général de North York Harvest, partagent leurs inquiétudes dans la préface : « Ce rapport démontre la nécessité d’une police publique robuste qui assurerait un minimum de revenus afin que tous et toutes puissent se payer de la nourriture et un logement adéquat ».
L’enquête souligne que 73 % des ménages consacrent au moins 30 % de leurs revenus au loyer. Cette proportion grimpe à 96 % chez les locataires du marché privé (logements non subventionnés) dont 83 % risquent fortement l’itinérance et requièrent un soutien immédiat.
Mais le coût trop élevé du logement n’est pas le seul problème. Les répondants vivent dans des logements en mauvais état, surpeuplés et infestés par des insectes ou des rongeurs. De plus, un logement sur cinq n’a pas de cuisine ou d’électroménagers, comme un poêle, un réfrigérateur ou un congélateur, ce qui affecte la sécurité alimentaire.
D’autres résultats
Le rapport montre également que l’insécurité alimentaire touche davantage les ménages noirs et autochtones, avec respectivement 28,9 % et 28,2 %. « Pendant que nous cherchons à améliorer la situation, écoutons les personnes en situation de pauvreté qui réclament une société plus juste où tout le monde peut prospérer », revendiquent Hetherington et Noble. « Nous pouvons faire de l’emploi une solution à la pauvreté ; nous pouvons obtenir des logements abordables pour tous ; nous pouvons éliminer l’extrême pauvreté. Nous sommes à la croisée des chemins et avons une occasion unique de créer des communautés justes et prospères où chacun a droit à la nourriture et au logement ».
Des milliers de ménages se retrouvent entre la survie et la misère profonde. La pandémie de COVID-19 rappelle que nous faisons tous partie du même tissu social ; le logement n’est qu’un maillon de cette chaîne, alors quand la situation se détériore, davantage de vies se dégradent. Vous trouverez le rapport complet ici (disponible en anglais seulement).