WoodGreen Community Services, à Toronto, a un plan ambitieux : construire 2000 logements abordables en 10 ans. Pour pouvoir s’attaquer à ce défi, l’organisation sans but lucratif fondée en 1937 s’est tournée vers le Centre de transformation du logement communautaire pour l’aider à se donner les ressources nécessaires.
C’est en faisant le bilan de ses programmes, il y a quelques années, et en les évaluant à la loupe de sa mission (« faire de Toronto une ville où chacun a la chance de s’épanouir ») que WoodGreen Community Services s’est rendu compte que le logement était un des volets sur lesquels elle pouvait avoir le plus d’impact pour les années à venir.
Selon la vice-présidente aux politiques et à la stratégie chez WoodGreen, Michelle German, « il y a un réel besoin à la fois pour du logement abordable en termes de logements communautaires subventionnés et en termes de logements avec services de soutien. »
De fait, en 2021, près de 80 000 personnes à Toronto sont sur la liste d’attente centralisée pour obtenir un logement subventionné, selon la Ville , et les délais pour accéder à ces logements se comptent en années. Il faut 7 ans ou plus pour mettre la main sur un studio, 12 ans ou plus pour un appartement d’une chambre et 10 ans ou plus pour un plus grand logement.
WoodGreen, qui a été fondée en 1937 et qui offre une panoplie de services comme des services d’employabilité, des services aux aînés ou aux jeunes, ou des services de garde, offre déjà quelque 1000 logements, dont plusieurs avec services de soutien. Mais elle s’est donné une nouvelle cible ambitieuse : construire 2000 logements en 10 ans.
« Nous voulions d’abord commencer avec un objectif considérable et audacieux qui susciterait un sentiment d’urgence. La Ville de Toronto a établi une cible de 40 000 nouveaux logements abordables dans son plan d’action sur 10 ans. Nous souhaitions faire partie de cet effort, et on s’est dit, on pourrait en faire 2000 », raconte Michelle.
Mais avant d’être en mesure d’accomplir ce défi, WoodGreen devait avoir plus de ressources à l’interne. C’est ce que la subvention de 125 000 $ du Centre de transformation du logement communautaire, provenant du fonds de transformation du secteur — projets locaux, lui a permis de développer. « Nous avons réalisé qu’il y avait quelques trucs que nous devions faire pour accroître notre capacité », avance Michelle German.
D’abord, il fallait éduquer le conseil d’administration, dit-elle. « Notre conseil supervise une agence de services communautaires, et pas nécessairement une organisation en logement. Il y avait un grand besoin d’éducation à ce niveau. »
D’un autre côté, WoodGreen avait les compétences, mais pas les moyens, pour faire le travail en amont qui est nécessaire aux projets qu’elle voulait entreprendre. « Une des choses que la subvention nous a aidée à faire est de [nous permettre d’] embaucher une personne à temps plein qui peut vraiment s’occuper de ça. »
Cette personne travaillera ainsi à étoffer les dossiers de décision des projets qui sont sur la table, et à informer le conseil au sujet des particularités des projets de logements et des partenariats à créer.
La subvention du Centre permet aussi à WoodGreen de créer des modèles qui faciliteront le développement de nouveaux projets. « Par exemple, [parfois] on travaille avec un développeur qui fait tout, et on s’occupe des logements à la fin. On commençait à identifier des tendances [dans nos démarches]. Alors, on les systématise pour ne pas avoir à réinventer la roue à chaque fois. On analyse ce qui fonctionne et on a donc créé ces modèles qui peuvent être répliqués et qui comprennent les processus du début à la fin et les besoins matériels. Les contrats nécessaires, ce genre de choses. »
Des partenariats nécessaires
En dehors du financement fourni par le Centre, WoodGreen a aussi établi un comité consultatif en immobilier pour l’aider à trouver des réponses à des questions comme « de qui avons-nous besoin pour former des partenariats? » ou « comment classe-t-on les projets pour lesquels nous voulons soumettre notre candidature? ».
Michelle German précise que WoodGreen a établi une liste de gens à qui parler ou des gens à rencontrer, qui pourraient devenir des partenaires : des promoteurs immobiliers, des responsables de fonds de pensions et de fiducies de placement, des gens au gouvernement, à la Ville, dans les districts scolaires, etc.
« On se fait des amis et on commence à parler de ce que nous voulons accomplir et à trouver des personnes qui ont des intérêts communs. Ç’a été notre approche. »
Les partenariats sont essentiels à la croissance de WoodGreen, croit Michelle. Sans eux, « nous construirions seulement 100 logements dans les 10 prochaines années, parce que c’est tellement de travail, il faut pratiquement devenir un promoteur immobilier. On pense que la plus grande partie de nos nouveaux logements viendra du fait d’avoir trouvé des personnes qui les construisent, d’établir des partenariats et ensuite de les prendre en charge. Laisser les autres faire ce qu’ils font le mieux, puis aider à gérer les logements et à créer des liens avec nos clients. »
Pour Michelle German, il ne fait aucun doute que la création de nouveaux logements abordables est un problème difficile à résoudre. « Il est devenu évident pour nous qu’il fallait utiliser tous les outils et les modèles financiers et qu’il fallait tirer parti de toutes les occasions possibles pour y arriver. Il y a plusieurs possibilités qui s’ouvrent, avec des terrains gouvernementaux qui sont mis sur le marché, ou des règlements comme le zonage d’inclusion. Je crois que c’est un bon moment maintenant. »
L’image illustrant l’article montre le nouvel immeuble de logements pour personnes âgées de WoodGreen, construit avec New Commons Development, au 1117 rue Gerrard E., Toronto.