L’organisme Phoenix Youth Programs œuvre depuis 1987 auprès des jeunes de Halifax, en Nouvelle-Écosse, et il ne cesse de s’ajuster aux nouvelles réalités, comme la crise du logement qui sévit actuellement. Dans le cadre de son projet Bedrock, soutenu par le Centre, l’OSBL a récemment initié une recherche afin d’identifier des modèles à explorer pour enrichir son offre de services.
Quand on la questionne à savoir pourquoi il est essentiel d’intervenir auprès des jeunes qui ont besoin d’aide comme le fait Phoenix Youth Programs, Melanie Sturk réagit spontanément. « Premièrement, c’est une question de dignité humaine », avance la directrice du développement organisationnel de l’OSBL. Elle précise aussi qu’il s’agit surtout d’agir pour briser des cycles qui existent ou qui pourraient se développer : prévenir l’itinérance, mais aussi éviter qu’elle devienne chronique pour ceux et celles qui la vivent déjà, ou encore, éviter l’itinérance intergénérationnelle pour les jeunes qui ont eux-mêmes des enfants.
Le sentiment de sécurité, qui est important pour tous, peu importe leur âge, est « encore plus important pour les jeunes, au moment où ils découvrent qui ils sont, ajoute-t-elle. Nous essayons vraiment d’offrir aux jeunes des relations adultes positives. Bâtir la confiance et ce type de relations est souvent le cœur du succès. »
Depuis 1987, Phoenix Youth Programs propose une panoplie de services et d’activités à des jeunes de 11 à 24 ans dans la région de Halifax, en Nouvelle-Écosse. Des services en prévention, des services de logement et des services d’employabilité et d’éducation, par exemple. « [Nous cherchons à] prévenir les crises — on l’espère! —, à gérer les crises et à aider les jeunes à se sortir de situations de crise qui surviennent pendant qu’ils s’efforcent d’atteindre les objectifs qu’ils ont pour leur vie […]. Nous nous concentrons sur les forces des gens, pas sur leurs faiblesses. ».
L’organisme compte aujourd’hui environ 85 employés et offre ses services dans une dizaine de lieux différents. Chaque année, environ 800 jeunes prennent part aux activités de Phoenix Youth Programs.
Des services diversifiés en logement
« Je crois que certaines personnes pensent encore que nous sommes la ‘‘Maison Phoenix’’ [Phoenix House], une maison pour 10 jeunes, qui était notre premier emplacement en 1987 », raconte Sturk. Mais depuis, l’organisme offre en plus 20 lits en refuge, et de 7 à 10 places dans les « Phoenix homes for Independance » (les «Maisons Phoenix pour l’indépendance »), où les jeunes vivent sous le même toit qu’un.e intervenant.e. D’autres services en logement comprennent l’intervention de travailleurs ou travailleuses de soutien qui aident les jeunes à se trouver un appartement — une tâche de plus en plus difficile, affirme Melanie Sturk — et à le conserver. En tout, environ 70 jeunes bénéficient des services en logement de Phoenix à tout moment.
L’organisme souhaite maintenant, à la suite de sa planification stratégique, élargir ses services en logement. Le projet Bedrock, financé par une subvention de 148 100 $ du Centre de transformation du logement communautaire, cherche ainsi à établir la direction vers laquelle Phoenix se dirigera. Son point de départ est constitué d’activités de recherche.
« [Le projet Bedrock] nous a donné la capacité d’embaucher un consultant, de faire de la recherche sur ce qui se passe dans la communauté, mais aussi à propos de ce qui se passe à travers le pays et à l’international par rapport aux modèles de logement. [Le projet] nous a ensuite aidés à rassembler toutes ces informations, incluant celles provenant de nos employés, et de la distiller en options à explorer », précise Sturk.
Le rapport de recherche, rédigé par la consultante Ren Thomas, a, en plus d’avoir étudié différents modèles d’ici et d’ailleurs en hébergement pour les jeunes, fait appel à des témoignages et un sondage. Il propose notamment à Phoenix trois modèles pour l’expansion de ses services.
« Nous allons travailler avec la première option proposée pour notre étude de faisabilité, qui fait aussi partie [du projet Bedrock], avance Melanie Sturk. C’est vraiment excitant. C’est un centre multi-services en logement pour les jeunes. Et nous allons aussi explorer l’idée d’un modèle d’hébergement de type ‘‘foyer’’ pour jeunes. » D’après Melanie Sturk, Phoenix s’intéressait déjà à l’idée d’un centre multi-services, mais le fait que ce modèle soit retenu comme suggestion issue de la recherche par un tiers donne une légitimité supplémentaire à l’idée.
Un centre multi-services qui comprend de l’hébergement sur place et des service divers (qui peuvent aussi être offerts à des jeunes qui ne résident pas sur place) permettrait de maximiser les chances de réussite pour les jeunes qui y ont recours, soutient Sturk. Cela permettrait d’éviter que les jeunes aient à déplacer à différents endroits dans la ville pour obtenir différents services, au risque qu’ils ne se déplacent pas. Cela pourrait aussi diminuer leur « trauma d’entrer dans différents systèmes après systèmes, services de soutien après services de soutien », avance-t-elle.
Le modèle de foyer, quant à lui, fournirait des services de soutien personnalisés aux occupants.
En attendant la réalisation de nouvelles initiatives pour Phoenix, la crise du logement reste alarmante — pour tous, mais entre autres pour les jeunes. Une personne qui a participé à l’étude menée par Ren Thomas témoignait que « quand le taux d’inoccupation est aussi bas, il y a tellement de gens qui font des demandes [pour un logement], que les propriétaires peuvent choisir qui ils veulent. C’est vraiment plate parce que c’est encore plus difficile quand tu as un enfant ou un chien. »
Melanie Sturk affirme que dans la dernière année, des gens tentaient de louer leur corridor sur les sites de petites annonces et que des propriétaires qui autrefois pouvaient accepter de louer à des jeunes soutenus par l’organisme ne le font plus, puisqu’ils peuvent choisir leurs locataires. « Et ils choisissent rarement nos jeunes ».
Les intervenants de Phoenix ont d’ailleurs commencé à aider les jeunes à se chercher des colocataires, au lieu de les aider à chercher un appartement. « Nos programmes accumulent des retards, parce que nous ne pouvons pas trouver d’appartements pour que les jeunes puissent avancer vers la prochaine étape de leur indépendance en logement. »
« Il est clair pour nous que nous devons offrir plus d’options. Que ce soit avec le modèle du centre multi-services ou celui des foyers, nous pouvons commencer à avoir notre propre offre de logements où loger les jeunes. »
La photo illustrant l’article montre les marches de la façade d’une des Maisons Phoenix pour l’indépendance. Crédit : Kinnon Job
Il y a quelques mois, Melanie Sturk a discuté du projet Bedrock et de l’expérience de Phoenix Youth Programs avec le Centre de transformation du logement communautaire dans une vidéo. Vous pouvez la regarder ici.