Longtemps considéré comme la Mecque des propriétaires de maisons unifamiliales, l’ouest de l’île de Montréal est un endroit où les locataires qui cherchent des services de soutien se sentent isolés. Cependant, une subvention du Centre aide à renverser la vapeur en finançant la création d’un premier comité logement dans le secteur.
Traditionnellement un bastion anglophone, l’ouest de l’île de Montréal est souvent considéré, à tort, comme étant entièrement composé de ménages propriétaires. En réalité, il abrite un nombre important de locataires. « L’ouest de l’île représente près du tiers de l’île de Montréal, donc un très grand territoire. Il contient aussi une diversité de personnes », explique Alexandra Laham, coordonnatrice du dossier logement à la Table de Quartier Sud de l’Ouest de l’Île, un organisme communautaire sans but lucratif qui travaille à améliorer la qualité de vie des citoyens du partie sud de l’ouest de l’île.
« [Bien sûr] il y a beaucoup de maisons unifamiliales, beaucoup de gens économiquement bien nantis [ici]. Mais ces idées préconçues cachent beaucoup d’autres problèmes qui existent sur le territoire. Cela ne veut pas dire que nous n’avons pas [diverses] typologies et besoins en matière de logement et [différents] problèmes socioéconomiques. »
Dans les municipalités de Dorval et de Sainte-Anne-de-Bellevue, par exemple, environ 40 % des ménages sont locataires, alors que dans l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro, il s’agit de 30 %.
Certaines collectivités sont plus aux prises que d’autres avec des problèmes d’abordabilité du logement. Selon Duncan McLachlan, coordonnateur du projet de création du Comité logement à la TQSOI, « plus de 50 % des locataires de Pointe-Claire consacrent plus de 30 % de leur revenu au logement. Essentiellement, les locataires sont confrontés aux mêmes problèmes que [ceux qui surviennent n’importe où ailleurs à Montréal]. »
Bien que l’ouest de l’île compte environ 22 000 locataires, il n’existe aucune organisation spécialisée dans la prestation d’information et de soutien aux locataires confrontés à des situations comme des expulsions, des augmentations injustes des loyers ou de mauvaises conditions de vie.
« L’idée préconçue [qu’il n’y a pas beaucoup de locataires sur notre territoire] est probablement l’une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas de comité du logement. On suppose que ce n’est peut-être pas nécessaire », déclare Laham.
Et pourtant, cela ne pourrait être plus loin de la vérité.
La pandémie mène au changement
La fragilité des ménages locataires était particulièrement évidente pendant la pandémie de COVID-19.
« La COVID-19 a touché les habitants de l’ouest de l’île de la même façon qu’il a touché les locataires [ailleurs], ajoute Laham. « Pour certains locataires, cela a limité leur capacité de payer leur loyer, ce qui peut mener à l’expulsion. Le marché locatif est également en surchauffe, les propriétaires cherchent à faire le plus d’argent possible, ce qui peut mener à des augmentations de loyer abusives. »
La pandémie a également renversé la préférence traditionnelle des locataires pour les emplacements urbains. Avec la priorité donnée au télétravail, de nombreux locataires ont sauté sur l’occasion de s’éloigner du centre-ville dans l’espoir d’obtenir un meilleur rapport prix-espace ou un mode de vie plus reposant.
Bien que la pandémie ait pu avoir une incidence négative sur la situation financière des ménages, elle a également servi de catalyseur à la création du premier comité logement de l’ouest de l’île.
La défense des droits s’amène en banlieue
Un comité logement est un joueur important dans l’ensemble des approches communautaires quant aux besoins locaux en matière de logement. Il est un intervenant nécessaire dans l’écosystème du logement abordable, car il constitue un point de référence clé pour les locataires, il évalue les lacunes en matière de logement et il influence les politiques locales.
« Pendant la pandémie, un comité logement voisin, le Comité logement Saint-Laurent, a reçu du financement pour aider à soutenir les locataires de l’ouest de l’île, et nous avons découvert qu’il y avait une énorme demande de soutien pour les locataires dont nous n’étions pas au courant auparavant », explique Jia Chen Mi, un ancien coordonnateur de projet de la TQSOI qui a terminé l’étude de faisabilité et la demande de subvention qui ont mené à la création du comité logement.
Grâce à une recherche et à l’analyse de données, le personnel de la TQSOI a déterminé qu’un comité logement serait la structure organisationnelle la mieux à même de combler les lacunes dans les besoins de soutien aux locataires.
« La première étape était de nature exploratoire », explique Chen Mi. « Nous nous sommes penchés sur le fonctionnement des [comités logement] actuels et nous avons interviewé [des personnes dans] de nombreux comités logement existants pour voir comment ils sont financés, quels sont leurs mandats, quels sont leurs domaines d’activités, comment ils soutiennent les locataires. Et [en fin de compte] si c’était quelque chose de réaliste dans l’ouest de l’île. »
Cela a mené à l’élaboration d’un plan et d’une demande de subvention. Conscient de la valeur du projet et de son potentiel de renforcement du secteur, le Centre de transformation du logement communautaire a accordé 135 600 $ pour l’établissement du Comité logement du West Island.
L’organisme fournira de l’information et du soutien aux locataires de l’ouest de l’île au sujet de leurs droits en matière de logement au moyen de campagnes d’information et de consultations individuelles.
Il sensibilisera également les gens aux problèmes de logement, comme les conditions de vie insalubres et l’accès à des logements abordables. Cela comprend la collaboration avec les locataires et leur représentation dans des démarches pour changer des politiques au niveau municipal.
« Je pense que ce qu’il est essentiel d’ajouter au sujet des comités logement, c’est qu’ils sont fondamentalement des organisations démocratiques dirigées par les locataires », ajoute McLachlan. « Donc, cette première phase du projet est cruciale pour nous assurer que c’est le genre d’organisation que veulent les locataires de l’ouest de l’île. »
Chen Mi prévoit que le financement du Centre accélérera le processus de développement.
« La subvention [favorise] un processus stratégique et planifié pour la création d’un comité logement plutôt que ce soient des bénévoles qui consacrent leur temps et qui se débrouillent par eux-mêmes, [comme] c’est souvent le cas dans la région de Montréal. Au lieu de cela, cette subvention nous permet d’avoir plus de personnel, plus de ressources pour avoir un plan et un processus d’établissement plus efficaces. »
Plus important encore, les habitants de l’ouest de l’île n’auront plus besoin de faire appel à des comités et à des organismes de logement situés à l’extérieur de leurs municipalités pour obtenir de l’aide.