Une coopérative d’habitation Net Zéro bientôt à Winnipeg – Community Housing Transformation Centre – Centre de transformation du logement communautaire
3 Déc, 2021

Une coopérative d’habitation Net Zéro bientôt à Winnipeg

Par Centre

Craignant d’être chassés de leur quartier en pleine transformation, un groupe de voisins s’est organisé et a formé sa propre coopérative. Leur passion commune pour la conception écologique jette les bases d’un écosystème de logements à consommation énergétique nette zéro et socialement inclusif.

Lorsqu’un programme de revitalisation urbaine a été lancé dans le quartier historiquement ouvrier de St. John’s, dans le nord de Winnipeg, Man., la possibilité d’être évincé.e.s est devenu une préoccupation réelle pour les résident.e.s de longue date. À tel point qu’ils ont lancé la Bannerman Green Housing Co-op. C’est leur vision commune pour la construction de logements durables et inclusifs le plan social, grâce à l’accessibilité physique et économique, qui jette les bases du travail à faire.

« Tant que vous n’avez pas de terrain, vous n’avez rien », affirme Dudley Thompson, président de la Bannerman Green Housing Co-op. « Il y a environ deux ans, nous avons découvert un terrain vacant. C’est l’emplacement d’une ancienne maison de ferme de 10 000 pieds carrés. Ce n’est pas énorme, mais elle est zonée pour 12 logements. C’est devenu le point de départ de la coopérative d’habitation. »

Thompson, un architecte à la retraite qui a conçu plusieurs coopératives d’habitation, a acheté le terrain au nom de la coopérative.

« Nous avons réuni un groupe de gens de la communauté et officialisé une coopérative d’habitation il y a environ un an. Entre-temps, nous avons mis sur pied un conseil d’administration et divers comités et nous avons travaillé à partir de là. »

Douze logements, tel que le permet le zonage, n’étaient toutefois pas suffisants pour la formation de la coopérative. Le groupe a donc examiné la possibilité d’une coopérative d’habitation sur plusieurs sites, c’est-à-dire que les logements ne seraient pas toutes situés à la même adresse. Cela permettrait de porter le total à 30 logements.

Efficacité énergétique en temps réel

Ce qui rend le projet particulièrement unique, c’est son engagement en matière de durabilité. La Bannerman veut mettre en valeur une conception extrêmement efficace énergétiquement et respectueuse de l’environnement. L’objectif, c’est la consommation nette zéro.

En termes simples, une maison à consommation énergétique nette zéro produit autant d’énergie qu’elle en consomme. Le constat est que la réduction des émissions de carbone — même si c’est un début — n’est pas suffisante pour lutter contre les changements climatiques. La base de toute maison à consommation énergétique nette zéro est une construction étanche et bien ventilée.

« Le point de départ d’une maison à consommation énergétique nette zéro est essentiellement la réduction de la quantité d’énergie dont vous aurez besoin», explique M. Thompson. « Le premier objectif est donc de réduire la demande d’énergie à un niveau proche de zéro, ce qui diminue les besoins en chaleur ou en électricité. Une fois que vous avez réduit considérablement la demande, vous pouvez fournir de petites quantités d’énergie géothermique ou solaire renouvelable pour fournir l’énergie de base. »

La pratique exemplaire actuelle est la norme « Maison Passive », l’un des concepts pionniers pour la construction de maisons à faible consommation d’énergie.

Ce concept est né en Saskatchewan. Dans les années 1970, en réponse à la hausse des prix du pétrole, la province achargé le Saskatchewan Research Council de concevoir et de construire une maison solaire. L’équipe de recherche s’est vite rendu compte que le stockage de l’énergie pour chauffer une maison standard était extrêmement coûteux, alors elle a plutôt cherché à réduire la demande globale d’énergie de la maison grâce à une conception plus intelligente.

Bien que cette idée n’ait pas pris son envol en Saskatchewan, elle a inspiré le travail de Bo Adamson et de Wolfgang Feist, les coauteurs du concept de maison passive. Feist a créé l’Institut Passivhaus à Darmstadt, en Allemagne en 1996, et le concept est depuis devenu la norme de l’industrie du bâtiment écologique.

« Ce n’est pas sorcier. Il s’agit d’une méthode visant à accroître l’isolation de vos murs [et] à réduire la perte de chaleur de l’immeuble. Donc, vous scellez le bâtiment comme un cocon », explique Thompson.

La coopérative aspire à obtenir toutes les grandes certifications de bâtiments durables — LEED, Maison Passive, Net Zéro et le Living Building Challenge — et à devenir un prototype reproductible d’un écosystème de logements fonctionnels et durables.

« Nous voulons que d’autres personnes suivent cela parce qu’il n’y a rien de tel dans cette ville à l’heure actuelle, et très peu dans le pays, sauf dans les régions de Vancouver et de Toronto », déclare Thompson.

Et, ajoute Thompson, c’est là que les mesures — ou une façon quantitative de présenter l’efficacité énergétique en temps réel — entrent en jeu.

« Nous voulons nous assurer d’avoir un bâtiment qui peut être certifié, d’avoir une tierce partie pour évaluer les paramètres afin de pouvoir dire avec confiance où nous en sommes. Les certifications par des tiers permettront de suivre la quantité d’énergie et d’eau que nous utilisons, ainsi que son évolution au fil du temps. »

Économie nette zéro

Le financement de la coopérative Bannerman est un mélange de subventions qui comprend de l’argent des locataires du marché privé, de la Société canadienne d’hypothèques et de logement et de la Fédération canadienne des municipalités.

« Au Manitoba, à l’heure actuelle, nous avons un gouvernement provincial et des administrations municipales qui ne font pas grand-chose, de sorte qu’il n’y a pas d’argent pour le logement, un point c’est tout », dit M. Thompson. « Normalement, comme dans d’autres villes, Winnipeg fournirait un financement de démarrage pour le logement afin d’égaler les sommes fournies par des bailleurs de fonds comme la Fédération canadienne des municipalités. Toutefois, ce n’est pas le cas.  Donc, si vous êtes un fournisseur de logements sans but lucratif, la question est de savoir comment vous financez vos coûts initiaux. »

Après avoir examiné les sources de financement possibles, les membres ont présenté une demande au volet Projets locaux du Fonds de transformation du secteur du Centre de transformation du logement communautaire. Ils ont reçu 75 000 $.

Grâce au financement du Centre, ils peuvent maintenant préparer une analyse de rentabilisation, couvrir les coûts accessoires et poursuivre l’engagement communautaire. De plus, la subvention permet à la coopérative de demander un financement équivalent à la FCM.

« Vous savez, si votre organisme de financement n’était pas là, je ne sais pas trop comment nous pourrions y arriver », admet Thompson.

Une source d’inspiration pour le marché locatif ?

Dans une industrie qui est souvent axée sur les résultats financiers, prêcher les vertus des bâtiments écologiques peut être difficile. Mais Thompson dit que même si la lentille économique ne devrait pas être la seule raison pour laquelle nous construisons des maisons à consommation énergétique nette zéro, il y a lieu d’encourager les promoteurs à adopter des bâtiments à consommation énergétique nette zéro, ou du moins à s’y intéresser.

« Il y a des arguments en faveur de l’exploitation nette zéro des appartements parce que le [propriétaire] obtient la réduction des coûts d’énergie et d’eau. Et [disons] — si vous regardez à long terme — sur une période de 50 ans, il peut y avoir d’importants rendements économiques pour un fournisseur de logements. »

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