Cela fait deux semaines que les élections fédérales ont eu lieu. Nous ne voulons pas vraiment vous parler des résultats des élections aujourd’hui*, mais plutôt revenir sur ce que la période électorale nous a fait (re)découvrir pour faire avancer la cause du logement : l’importance d’agir ensemble.
La campagne « Votez Logement » a été un bon exemple de rassemblement pour la cause. Organisée par l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance, la Fédération de l’habitation coopérative du Canada, le Réseau canadien de leadership en matière d’expérience vécue et l’Association canadienne d’habitation et de rénovation urbaine, elle a été soutenue publiquement par plusieurs organisations qui ont agi à titre de contributeurs ou de sympathisants (allant du FRAPRU à Habitat pour l’humanité Canada, en passant par des organisations autochtones, des organisations œuvrant en santé mentale et des groupes de femmes, entre autres) — sans compter les bénévoles et les 20 000 sympathisants individuels (ce n’est pas rien!).
Selon Tim Richter, de l’Alliance canadienne pour mettre fin à l’itinérance et qui nous a parlé au nom de « Votez Logement », « le secteur a réalisé que ce sont les politiques qui ont créé l’itinérance de masse dans notre pays et les besoins en logement que nous constatons. Alors, pour que nous puissions changer ces politiques, nous devons, en tant que secteur, nous engager dans le processus politique. C’est ça, la genèse de la campagne ”Votez Logement”. »
Richer ajoute que, « à mon souvenir, c’est la première fois que le logement est une priorité pour autant de gens pendant une élection. Ça me fascinait de voir que c’était une priorité dans les sondages, et que tous les partis en parlaient. » Si le logement est une priorité, c’est parce que la situation touche vraiment beaucoup de gens, dit-il.
Pourtant, ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise de participer au processus politique. Tim admet que ça peut être « difficile pour notre secteur ».
Nous reconnaissons ainsi les efforts, et aimerions souligner que chaque petit pas a un impact. Bravo à tous et toutes.
***
Il est difficile de ne pas faire de parallèle entre cette discussion avec Tim Richter à propos de l’importance de s’engager pour contrer les politiques qui sont à l’origine de l’itinérance et des besoins en logements et la conversation que nous avons eue il y a quelques jours avec un professeur de l’Université du Québec à Montréal (pour lire l’article, c’est ici).
Michel Parazelli a dirigé un ouvrage sur la question de l’itinérance et de la cohabitation dans les villes. Selon le professeur en travail social, la répression envers les personnes itinérantes a progressé quand les villes ont commencé à être en concurrence les unes avec les autres pour attirer les investissements. Et cela émerge de décision politiques, qui ont laissé toute la place à un type d’acteur économique, sans considération d’autres personnes présentes dans le paysage urbain.
Le professeur appelle à plus d’inclusion des personnes en situation de marginalité dans les décisions qui les touchent. Il affirme aussi que c’est par la formation de collectifs qu’il sera possible de lutter contre les forces politiques individualisantes et qui favorisent la privatisation.
***
Qu’arrivera-t-il maintenant avec « Votez Logement » ?
La coalition est attentive aux nouvelles orientations qui seront mises de l’avant par le nouveau gouvernement, et elle essaie de faire en sorte que les priorités de la campagne y trouveront leur place, nous a dit Tim.
Au-delà de ça, par contre, « l’avenir est à déterminer ». « Je crois qu’il y a un sentiment grandissant que nous voulons continuer ensemble, mais nous devons déterminer de quoi cette collaboration aura l’air, confie Tim. Nos organisations et le secteur ont bien travaillé, collaborativement, dans le passé. Je n’ai pas de raison de croire que “Votez Logement” ne persistera pas sous une forme ou une autre dans un avenir prévisible. »
Nous avons hâte de connaître la suite.
Bon mois d’octobre!
***
*Il est quand même pertinent de souligner que, selon Tim Richter, « ce sont de bons résultats pour le secteur du logement et pour la lutte à l’itinérance, parce que nous nous retrouvons avec un gouvernement minoritaire dans un parlement qui est majoritairement pro-logement » et que « les plateformes de tous les partis indiquaient qu’ils voulaient agir contre l’itinérance et pour le logement abordable de différentes façons ».
Ce texte fait partie de l’infolettre InfoCentre du mois d’octobre. Pour vous abonner à notre infolettre mensuelle, cliquez ici.