Rédigé par Jennifer Hille
Un rayon d’espoir pour les populations vieillissantes
Au Québec, comme ailleurs au pays, le vieillissement de la population affectera massivement les différentes sphères de la société au cours des prochaines années. Avant qu’un quart de la population n’atteigne l’âge de 65 ans ou plus en 2035, une réflexion s’impose. Les impacts majeurs d’une société vieillissante doivent être analysés pour les individus, leurs proches et le tissu collectif. La crise actuellement vécue dans les CHSLD dans le contexte de la COVID-19 démontre une autre fois l’urgence de développer des solutions innovantes. D’où l’importance de réfléchir collectivement aux espaces pouvant héberger les personnes des 3e et 4e âges et leur fournir des services essentiels.
Actuellement, une personne âgée déménage en moyenne quatre fois au cours des 12 années qui suivent le départ de son domicile. Mais pourquoi obliger ces personnes vulnérables à changer de milieu de vie en réaction à une perte d’autonomie qui est pourtant prévisible ? Quel type de logement permettra aux individus et à leurs familles d’obtenir le soutien nécessaire chez eux, et comment ce milieu de vie peut-il s’adapter à chacun et à chacune ? Voici quelques pistes que l’AGRTQ (Association des groupes de ressources techniques du Québec) a étudiées pour ensuite proposer des solutions tangibles face au défi d’offrir un logement abordable à un nombre grandissant de personnes aînées.
Vieillir dans la dignité n’est pas un privilège lié au portefeuille de chacun.e
Présentement, les logements pour personnes âgées sont en majorité offerts par les grands réseaux privés et surtout destinés aux personnes autonomes ou semi-autonomes. Le coût des loyers dans ces résidences privées est très dispendieux. Cette réalité ne tient pas compte des personnes à revenus moyens ou modestes qui dépenseront vite leurs économies, mais ne deviendront toutefois pas éligibles aux aides gouvernementales comme le supplément au loyer.
Devant ces constats, l’AGRTQ étudie le trou de services auquel sont confrontés les personnes âgées à revenu moyen, et les approches possibles pour contrer ses effets. En 2016, un comité de travail est mandaté pour analyser la faisabilité d’un projet de développement d’un réseau de maisons communautaires pour personnes âgées. Les discussions concertées guident la démarche, entre autres en partenariat avec les organismes de l’économie sociale, le réseau de la santé et des services sociaux et les acteurs syndicaux. Ces échanges permettent à l’AGRTQ d’élaborer un modèle d’affaires viable qui précise les services à offrir.
Les services non résidentiels et leur financement sont analysés en collaboration avec le Réseau de coopération des entreprises d’économie sociale en soutien à domicile (EÉSAD). Différents échanges avec le milieu de la santé (MSSS, CISSS/CIUSSS, FIQ) permettent une réflexion approfondie sur une approche novatrice des soins de santé à domicile. Ainsi, le modèle novateur est en cohérence avec une multitude d’initiatives déjà instaurées au sein des communautés qui cherchent à répondre autrement aux besoins des aîné.e.s. au Québec.
Une solution collective au vieillissement et une expertise nouvelle pour le secteur de l’habitation communautaire
L’AGRTQ propose une réponse concrète face au vieillissement de la société qui affectera tous ses membres : un réseau de maisons communautaires. En créant l’organisme à but non lucratif « Habitations communautaires pour les aînés du Québec», un projet immobilier communautaire d’envergure, enraciné dans les différentes régions du Québec, verra le jour. Au cours des 20 prochaines années, la création de 88 immeubles d’habitation totalisant 10.650 logements est prévue. La gestion immobilière se fera par les organismes locaux pour bien ancrer ce projet dans les communautés.
Au sein du réseau des Habitations communautaires pour les aînés du Québec, chaque milieu se veut dynamique et inclusif pour mettre la santé des habitant.e.s au cœur de la démarche. Cette approche se distingue considérablement des résidences privées et des résidences de type institutionnel existantes. En plus de participer à la conception de leur nouveau domicile, les résident.e.s pourront s’impliquer directement dans la gestion de leur immeuble et des services qui leur seront offerts.
Le projet est ainsi conçu par et pour les résidents, pour rompre le sentiment d’isolement souvent exprimé par les aîné.e.s. Les logements de ce projet sont une option novatrice pour les personnes vieillissantes de la classe moyenne québécoise qui peuvent maintenant quitter leur logement dans des conditions gagnantes. Leur milieu de vie devient non seulement abordable et sécuritaire, mais offre diverses activités physiques et sociales. Le soutien s’adapte aux besoins et à l’état de santé de chaque individu sans qu’il doive toutefois s’appauvrir.
Contribution du Centre : perspectives au cours des prochains mois
Grâce à la subvention du Centre, un premier projet pilote pourra démarrer avec les ressources humaines et financières nécessaires : « Maintenant, nous sommes à l’étape d’opérationnaliser notre projet, explique Claire Lapointe, directrice du développement de l’habitation pour aînés à l’AGRTQ. Le concept est là, l’idée est là, et avec le soutien financier du Centre nous pourrons faire en sorte que l’organisme vole de ses propres ailes. On a un bon 18 mois de travail devant nous, et nous avons hâte de commencer pour faire une différence dans la vie d’un grand nombre de personnes au Québec. »
L’organisation souhaite aussi définir sa capacité organisationnelle et son plan d’exploitation. Les représentations sur le terrain avec du matériel de communication pour les bailleurs de fonds et les partenaires permettront de concrétiser cette démarche ambitieuse.
« Nous tenons à remercier le Centre pour le soutien et les outils qui étaient très bien conçus et clairs, quand je pense par exemple au webinaire ou au guide sur le site web. À l’aide de ces outils, déposer notre demande de subvention était facile, mis à part quelques pépins techniques pendant le remplissage des formulaires. Enfin, j’aimerais encourager d’autres organismes à déposer leur demande, car ensemble, nous pouvons élargir l’offre et l’expertise du secteur de l’habitation communautaire, pour les personnes aînées ou d’autres populations vulnérables » résume Mme Lapointe.