En partie grâce à une subvention de 50 000 $ du Centre, les organisations Hamilton East Kiwanis Non-Profit Homes et Victoria Park Community Homes ont rassemblé leurs forces dans un projet de développement immobilier qui permettra la construction de 367 logements locatifs abordables à Hamilton, en Ontario. Elles expérimentent ainsi un nouveau modèle collaboratif qui permettra à des fournisseurs de logement plus petits et spécialisés de mettre à profit leurs forces et leurs capacités, afin de pouvoir mieux compétitionner avec le secteur privé.
Les pays nordiques arrivent souvent en première place des sondages sur le bonheur et le bien-être. Des philosophies suédoise du Lagom (« ni trop, ni trop peu ») et danoise du Hygge (« douillet ») à l’aménagement urbain jusqu’au design résidentiel minimaliste, ils semblent avoir maîtrisé la recette pour vivre mieux et plus heureux. Mais c’est peut-être l’approche nordique quant au logement communautaire et à l’itinérance qui mérite une attention en profondeur.
Prenez la Finlande : elle est devenue le premier pays à adopter l’approche Logement d’abord à l’échelle nationale. Étant convaincus que pouvoir avoir un toit sans être soumis à des conditions (un état de sobriété, par exemple) est le fondement du logement abordable pour tous, les Finnois ont éradiqué l’itinérance. Cette philosophie a déjà fait des adeptes chez les organisations sans but lucratif du Canada.
Au Danemark, le logement social compte pour plus de 20 % du secteur de l’habitation. Pays connu pour favoriser la vie démocratique des locataires, ses résidents participent à l’administration des propriétés de l’État. Cela s’apparente au modèle coopératif au Canada, où les membres forment des comités et participent activement à l’administration et à l’entretien des coops.
L’accent mis sur la collaboration ne s’arrête pas là. Indépendant du gouvernement, mais appuyé par son soutien financier et ses réformes politiques, le logement social danois est fort de centaines d’associations sans but lucratif.
Même si le Danemark et la Finlande semble être très loin, leurs idées inspirantes voyagent facilement. Particulièrement quand elles sont basées sur les principes d’inclusion, de participation et de collaboration — des valeurs épousées et promues par le Centre.
Il est toujours enthousiasmant de financer des projets qui repoussent les limites et qui priorisent la collaboration. Le Centre est ravi d’avoir alloué 50 000 $ au projet Analyse de rentabilité d’un développement collaboratif,qui propose une nouvelle façon de travailler en collaboration sur le développement de logement abordable, sans que les organisations aient à fusionner ou à créer une fiducie foncière.
Deux têtes valent mieux qu’une
Les organisations Hamilton East Kiwanis Non-Profit Homes et Victoria Park Community Homes, qui figurent parmi les plus importants fournisseurs de logement sociaux non-municipaux en Ontario, ont rassemblé leurs forces dans un nouveau projet d’habitation. Elles ont acheté ensemble un terrain de 7,5 acres à Hamilton, où elles prévoient développer et exploiter 367 logements abordables — espérant ainsi lancer une mode dans le secteur du logement communautaire.
La chargée de programme du Centre de transformation du logement communautaire Amy Bolt est enthousiaste à propos de ce que ce projet signifie pour le secteur.
« C’est un exemple de façon avec laquelle les organisations peuvent travailler ensemble sans avoir à fusionner. Elles peuvent collaborer sur un projet. Ce projet peut ouvrir la voie pour plus d’intégration et de collaboration dans le secteur », note-t-elle.
La subvention du Centre fera certainement en sorte de donner le coup d’envoi au projet : elle couvrira les coûts des consultants en affaires, des professionnels juridiques et des consultants en fiscalité qui permettront d’identifier la bonne structure corporative en fonction des objectifs visés.
« C’est vraiment une victoire enthousiasmante de pouvoir conserver ces terrains dans le domaine public », affirme Lori-Anne Gagne, p.-d.g. de Victoria Park Community Homes. « Le fait que deux OSBL travaillent ensemble signifie que nous pouvons dépasser les minimums d’abordabilité demandés par la Ville, avec l’intention d’offrir 100 % d’abordabilité, pour toujours. »
Mais l’impact va encore plus loin : il existe un énorme potentiel de partage des connaissances.
Un plan guidant une nouvelle façon de collaborer
« Un des plus gros obstacles au développement de nouveaux logements pour les organisations sans but lucratif est le manque de capacité à l’interne », avance le directeur général de Hamilton East Kiwanis Homes, Brian Sibley. « Tirer parti du capital social et financier de plusieurs organisations crée des occasions pour incuber de nouveaux projets d’habitation tout en limitant le risque à une seule organisation. »
Le secteur du logement sans but lucratif est constitué d’organisations de tailles et de capacités variées. Les organisations qui souhaitent investir dans la création d’un parc de logements abordables se retrouvent généralement à faire du développement de petite échelle et à compétitionner pour l’obtention de fonds limités — un processus coûteux, inefficace et qui demande beaucoup de temps.
Cela signifie qu’il est difficile pour les fournisseurs plus nichés de développer de nouveaux logements de façon économique. C’est pourquoi un projet comme celui-ci est nécessaire, juge Amy Bolt.
« Les fusions ne sont pas toujours la bonne réponse, c’est bien d’avoir des plus petits joueurs qui sont plus spécialisés et qui servent des profils démographiques particuliers ou qui offrent des services spécifiques, comme travailler avec les jeunes en situation d’itinérance, la communauté LGBTQ+, les Autochtones ou les femmes qui ont besoin de services de soutien. Aussi, la combinaison de différentes perspectives en administration peut permettre de mettre ensemble les pièces du casse-tête tout en fournissant des informations inattendues et qui peuvent mener à la transformation. »
Quand le projet arrivera à terme, il pourra servir de modèle pour d’autres petits fournisseurs de logement, afin qu’ils coopèrent et développent de nouveaux logements abordables. Il permettra d’encourager le co-investissement, le co-développement et la coopération.
Hamilton East Kiwanis et Victoria Park croient que l’avancement du secteur se base sur la collaboration et non sur la compétition. Un sentiment partagé par le Centre.
« Le secteur du logement communautaire compte pour 3 % du marché de l’habitation, et pour grandir, travailler ensemble est essentiel », ajoute Amy Bolt.